Frances Hodgson Burnett
– Résumé éditeur –
Privée d’affection, Mary Lennox n’a jamais appris à sourire ni à aimer. À la mort de ses parents, emportés par une épidémie de choléra, la jeune fille a quitté son Inde natale. Exilée dans le manoir lugubre d’un oncle anglais, Mary trompe l’ennui aux côtés d’un rouge-gorge. Un jour, il la guide vers un mystérieux jardin oublié… Mary ouvre la porte de ce refuge à l’intrépide Dickon et au fragile Colin. Vont-ils devenir amis ?
Prix : 8,95 € (éditions Folio Junior) – Nombre de pages : 320
– Mon avis –
🌷 Le Jardin secret est une lecture qui m’a donné foi en la vie, qui m’a rappelé mon enfance et ses jolis moments d’insouciance et de candeur, qui m’a fait croire en la magie des moments simples et partagés avec des êtres aimés, qui m’a apaisée lorsque je ressentais le besoin de m’isoler du monde réel, et qui a contribué à étayer mon goût pour la faune et la flore. Ni plus ni moins que cela…
🌻 Si vous voulez, ce roman, c’est l’allégorie même de la Renaissance. La Renaissance non pas seulement pour le lecteur, mais pour les personnages, qui au fil des pages vont recouvrer la santé physique et mentale qui leur faisait jusqu’alors tant défaut.
🌼 C’est avant tout la Renaissance de Mary, protagoniste principale, une petite fille si jeune et pourtant déjà tellement aigrie et désabusée par la vie. Mais peut-on vraiment lui en vouloir d’être aussi exécrable ? Elevée aux Indes par des esclaves, elle n’a jamais connu la tendresse de parents aimants et n’a nullement reçu une éducation convenable, qui lui aurait inculqué les valeurs humaines essentielles. Orpheline dès son plus jeune âge, il lui aura fallu du temps pour apprendre à se connaître, à aimer et à s’aimer. Mais alors quelle révélation ! Quel plaisir cela fut de voir, au fil des pages, cette petite fille désenchantée reprendre vie par le biais de ses rencontres et de la fastueuse lande s’offrant à elle.
🍃 Ce livre, c’est également la Renaissance d’un père et d’un fils, Colin et M. Craven, dont les âmes endolories n’ont jamais guéri de la mort de Mme Craven et dont les diverses séquelles ont remplacé leur relation par un trou béant ne demandant qu’à être comblé par l’amour filial.
🌳 C’est aussi la Renaissance d’un jardin, oscillant entre la vie et la mort depuis une décennie, en réalité depuis la disparition de Mme Craven, qui prenait tant de plaisir à entretenir ses fleurs ; ce jardin éponyme, à l’origine des maux puis des bonheurs retrouvés. Ce jardin, dont les descriptions ont ravi mon imaginaire, retrouvera, grâce à la détermination et à la délicatesse des personnages, ses couleurs et effluves d’antan. Ce qui m’a le plus touchée dans ma lecture, c’est de voir ô combien la nature est capable de valoriser ce qu’il y a de plus beau chez une personne, parfois invisible à l’œil nu.
🦋 En parallèle, divers personnages touchants nous sont croqués, tels que Martha la jeune servante, sa mère et son frère Dickon. Je les ai beaucoup appréciés de par leur bonté et l’entière amitié qu’ils réservent à nos protagonistes meurtris par la vie. Tous les chemins de ces personnages vont se croiser, se coudoyer et se heurter. Et cette fusion des destins, combinée à une Nature calme, luxuriante et vivace, va leur permettre d’aller de l’avant et de ressusciter la joie et la griserie depuis bien longtemps évanouies.
💐 Rien que pour les émotions, les sentiments, les moments d’allégresse et l’enivrement poétique que cette histoire a réussi à provoquer en moi, je vous en recommande chaudement sa lecture. Ce roman, c’est comme un Hiver lugubre et froid qui se transforme progressivement en un chaleureux, capiteux et scintillant Printemps.
– Citations –
Là où tu plantes une rose 🌹, […] jamais le chardon ne repousse.
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La longue pluie chaude avait eu d’étranges reflets sur les plates-bandes herbeuses qui bordaient l’allée, près du mur du fond. Des pousses vertes sortaient partout des racines de plantes en touffes ; il y avait même, ça et là, des taches de violet intense et de jaune d’or parmi les tiges des crocus. Six mois auparavant, madame Mary ne se serait pas aperçue que le monde s’éveillait, mais à présent, rien ne lui échappait.
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Si vous n’avez jamais eu de jardin, vous aurez de la peine à comprendre. Si vous avez la chance d’en posséder un, vous savez qu’un livre ne suffirait pas à décrire tout ce qui s’y passe.
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Mère dit que les deux pires choses qui puissent arriver à un enfant, c’est de ne jamais faire ce qu’il veut, – ou de le faire toujours. Elle ne sait pas lequel est le pire.
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Une des nouvelles découvertes, qu’on a commencé à faire au siècle dernier, c’est que les pensées – de simples pensées – sont aussi puissantes que des piles électriques, certaines aussi bonnes que la lumière du soleil, d’autres aussi mauvaises que du poison. Laisser une pensée de tristesse ou de haine s’installer dans votre esprit est aussi dangereux que de laisser un germe de scarlatine s’établir dans votre corps. Si vous le laissez s’installer, vous ne pourrez peut-être plus vous en dépêtrer aussi longtemps que vous vivrez.
– L’adaptation cinématographique –
🌺 Je profite de cet article pour vous conseiller l’adaptation cinématographique de cette merveille de roman. Celle de 1993, réalisée par Agnieszka Holland et produite par le talentueux Francis Ford Coppola, connu entre autres pour la trilogie Le Parrain, Dracula ou encore Apocalypse Now. J’ai vu qu’il y avait eu une adaptation plus récente, datant de 2020, mais pour être honnête avec vous je suis bien plus attirée par les anciens films que les nouveaux. Qui plus est, j’ai l’impression que l’aspect enchanteur qui se dégage du roman est plus présent dans l’adaptation de 1993, et que l’histoire originelle est globalement mieux respectée. Après, c’est-à-vous d’en juger…
✨ Je vous partage également la magnifique bande originale du film, accompagnée d’un extrait de la découverte du Jardin secret par Mary, c’est un plaisir pour les yeux et les oreilles, de la magie à voir et à écouter. ✨ Linda Ronstadt, « Winter light ».
🏵️ En tout cas, je vous conseille vraiment le film, à voir après la lecture je pense, pour pouvoir prolonger un peu cette petite parenthèse enchantée que F. H. Burnett nous a raconté avec une sensibilité et une authenticité sans pareilles.
Et si vraiment, vraiment, vraiment cela ne vous suffisait pas, sachez qu’il existe une multitude d’adaptations de ce classique de la littérature jeunesse, qui a bercé l’enfance de nombre d’enfants francophones et anglophones. Parmi elles, la bande dessinée de Maud Begon, dont seul le premier tome est pour le moment paru. À vos lectures !
Après tout cela, je pense que vous serez pleinement revigorés, comme l’ont été nos très chers personnages en prenant soin de leur éblouissant Jardin secret…