Le Jardin secret

Frances Hodgson Burnett

– Résumé éditeur –

Privée d’affection, Mary Lennox n’a jamais appris à sourire ni à aimer. À la mort de ses parents, emportés par une épidémie de choléra, la jeune fille a quitté son Inde natale. Exilée dans le manoir lugubre d’un oncle anglais, Mary trompe l’ennui aux côtés d’un rouge-gorge. Un jour, il la guide vers un mystérieux jardin oublié… Mary ouvre la porte de ce refuge à l’intrépide Dickon et au fragile Colin. Vont-ils devenir amis ?

Prix : 8,95 € (éditions Folio Junior)  –  Nombre de pages : 320

– Mon avis –

🌷 Le Jardin secret est une lecture qui m’a donné foi en la vie, qui m’a rappelé mon enfance et ses jolis moments d’insouciance et de candeur, qui m’a fait croire en la magie des moments simples et partagés avec des êtres aimés, qui m’a apaisée lorsque je ressentais le besoin de m’isoler du monde réel, et qui a contribué à étayer mon goût pour la faune et la flore. Ni plus ni moins que cela

🌻 Si vous voulez, ce roman, c’est l’allégorie même de la Renaissance. La Renaissance non pas seulement pour le lecteur, mais pour les personnages, qui au fil des pages vont recouvrer la santé physique et mentale qui leur faisait jusqu’alors tant défaut.

🌼 C’est avant tout la Renaissance de Mary, protagoniste principale, une petite fille si jeune et pourtant déjà tellement aigrie et désabusée par la vie. Mais peut-on vraiment lui en vouloir d’être aussi exécrable ? Elevée aux Indes par des esclaves, elle n’a jamais connu la tendresse de parents aimants et n’a nullement reçu une éducation convenable, qui lui aurait inculqué les valeurs humaines essentielles. Orpheline dès son plus jeune âge, il lui aura fallu du temps pour apprendre à se connaître, à aimer et à s’aimer. Mais alors quelle révélation ! Quel plaisir cela fut de voir, au fil des pages, cette petite fille désenchantée reprendre vie par le biais de ses rencontres et de la fastueuse lande s’offrant à elle.

🍃 Ce livre, c’est également la Renaissance d’un père et d’un fils, Colin et M. Craven, dont les âmes endolories n’ont jamais guéri de la mort de Mme Craven et dont les diverses séquelles ont remplacé leur relation par un trou béant ne demandant qu’à être comblé par l’amour filial. 

🌳 C’est aussi la Renaissance d’un jardin, oscillant entre la vie et la mort depuis une décennie, en réalité depuis la disparition de Mme Craven, qui prenait tant de plaisir à entretenir ses fleurs ; ce jardin éponyme, à l’origine des maux puis des bonheurs retrouvés. Ce jardin, dont les descriptions ont ravi mon imaginaire, retrouvera, grâce à la détermination et à la délicatesse des personnages, ses couleurs et effluves d’antan. Ce qui m’a le plus touchée dans ma lecture, c’est de voir ô combien la nature est capable de valoriser ce qu’il y a de plus beau chez une personne, parfois invisible à l’œil nu.

🦋 En parallèle, divers personnages touchants nous sont croqués, tels que Martha la jeune servante, sa mère et son frère Dickon. Je les ai beaucoup appréciés de par leur bonté et l’entière amitié qu’ils réservent à nos protagonistes meurtris par la vie. Tous les chemins de ces personnages vont se croiser, se coudoyer et se heurter. Et cette fusion des destins, combinée à une Nature calme, luxuriante et vivace, va leur permettre d’aller de l’avant et de ressusciter la joie et la griserie depuis bien longtemps évanouies.

💐 Rien que pour les émotions, les sentiments, les moments d’allégresse et l’enivrement poétique que cette histoire a réussi à provoquer en moi, je vous en recommande chaudement sa lecture. Ce roman, c’est comme un Hiver lugubre et froid qui se transforme progressivement en un chaleureux, capiteux et scintillant Printemps.

– Citations –

Là où tu plantes une rose 🌹,  […] jamais le chardon ne repousse.

*

La longue pluie chaude avait eu d’étranges reflets sur les plates-bandes herbeuses qui bordaient l’allée, près du mur du fond. Des pousses vertes sortaient partout des racines de plantes en touffes ; il y avait même, ça et là, des taches de violet intense et de jaune d’or parmi les tiges des crocus. Six mois auparavant, madame Mary ne se serait pas aperçue que le monde s’éveillait, mais à présent, rien ne lui échappait.

*

Si vous n’avez jamais eu de jardin, vous aurez de la peine à comprendre. Si vous avez la chance d’en posséder un, vous savez qu’un livre ne suffirait pas à décrire tout ce qui s’y passe.

*

Mère dit que les deux pires choses qui puissent arriver à un enfant, c’est de ne jamais faire ce qu’il veut, – ou de le faire toujours. Elle ne sait pas lequel est le pire.

Une des nouvelles découvertes, qu’on a commencé à faire au siècle dernier, c’est que les pensées – de simples pensées – sont aussi puissantes que des piles électriques, certaines aussi bonnes que la lumière du soleil, d’autres aussi mauvaises que du poison. Laisser une pensée de tristesse ou de haine s’installer dans votre esprit est aussi dangereux que de laisser un germe de scarlatine s’établir dans votre corps. Si vous le laissez s’installer, vous ne pourrez peut-être plus vous en dépêtrer aussi longtemps que vous vivrez.

– L’adaptation cinématographique –

🌺 Je profite de cet article pour vous conseiller l’adaptation cinématographique de cette merveille de roman. Celle de 1993, réalisée par Agnieszka Holland et produite par le talentueux Francis Ford Coppola, connu entre autres pour la trilogie Le Parrain, Dracula ou encore Apocalypse Now. J’ai vu qu’il y avait eu une adaptation plus récente, datant de 2020, mais pour être honnête avec vous je suis bien plus attirée par les anciens films que les nouveaux. Qui plus est, j’ai l’impression que l’aspect enchanteur qui se dégage du roman est plus présent dans l’adaptation de 1993, et que l’histoire originelle est globalement mieux respectée. Après, c’est-à-vous d’en juger

✨ Je vous partage également la magnifique bande originale du film, accompagnée d’un extrait de la découverte du Jardin secret par Mary, c’est un plaisir pour les yeux et les oreilles, de la magie à voir et à écouter. ✨ Linda Ronstadt, « Winter light ».

🏵️ En tout cas, je vous conseille vraiment le film, à voir après la lecture je pense, pour pouvoir prolonger un peu cette petite parenthèse enchantée que F. H. Burnett nous a raconté avec une sensibilité et une authenticité sans pareilles.

Et si vraiment, vraiment, vraiment cela ne vous suffisait pas, sachez qu’il existe une multitude d’adaptations de ce classique de la littérature jeunesse, qui a bercé l’enfance de nombre d’enfants francophones et anglophones. Parmi elles, la bande dessinée de Maud Begon, dont seul le premier tome est pour le moment paru. À vos lectures !

Après tout cela, je pense que vous serez pleinement revigorés, comme l’ont été nos très chers personnages en prenant soin de leur éblouissant Jardin secret… 

À Rebours

A Rebours titre

J.K. Huysmans

À Rebours J.K. Huysmans

Coup de coeur

– Résumé éditeur –

La Bible de l’esprit décadent et de la  » charogne  » 1900. À travers le personnage de des Esseintes, Huysmans n’a pas seulement résumé, immortalisé les torpeurs, les langueurs, les névroses vénéneuses et perverses du siècle finissant. Des Esseintes est aussi un héros kierkegaardien, à la fois grotesque et pathétique, une des plus fortes figures de l’angoisse qu’ait laissées notre littérature. Fils spirituel de René et de la génération du mal du siècle, il annonce à bien des égards le Bardamu de Céline et le Roquentin de La Nausée.

Prix : 8,50€ (éditions Gallimard)  –  Nombre de pages : 430

– Mon avis –

À Rebours, c’est le premier grand succès de Huysmans. Ce roman nous surprend d’emblée parce qu’il manque clairement d’intrigue. Il nous propose de suivre la vie de l’un des plus grands décadents de la littérature française, à savoir… roulements de tambours… j’ai nommé le duc « fin de race » Jean Floressas des Esseintes.

Dès les premières lignes de la notice, le ton est donné au lecteur : le duc Jean Floressas des Esseintes est l’ultime descendant d’une lignée affaiblie, marquée par « les vices d’un tempérament appauvri », et ébranlée par les « unions consanguines » et « l’effémination des mâles » qui s’est accrue au fil des générations. Il est présenté comme une rognure, la dernière miette d’une ancienne famille aristocratique nullement digne de respect. Avant même de m’avancer sur la narration à proprement parler, je souhaiterais me pencher un peu sur le personnage de des Esseintes, si singulier et énigmatique qu’on pourrait lui consacrer un mémoire. C’est un personnage qui a grandi dans la solitude, et qui trouve un certain refuge dans ses pensées torturées, ce qui explique en partie ses névroses ultérieures. Ses parents n’ont jamais été là pour lui, et quand ils l’étaient, ils ne parlaient guère ou alors échangeaient des paroles détachées et impersonnelles, nourrissant l’atmosphère froide et oppressante qui régnait entre eux. Il est un personnage profondément incompris, aux portes de la marginalité, qu’il n’hésite pas à grand ouvrir, finalement empreint d’une complaisance vis-à-vis de son exclusion.

La vie de des Esseintes est sans saveur. De plus, elle n’est ponctuée que d’échecs perpétuels. Il s’ennuie ferme, isolé dans sa vaste demeure. C’est pourquoi il décide un beau jour de rechercher l’inédit et l’exclusif sous toutes ses coutures, au point de se livrer à toutes sortes d’expériences les plus excentriques, fantasques et inimaginables possibles, tant sur le plan physiologique qu’intellectuel : expériences artistiques, livresques, humaines, florales, olfactives, androgynes et j’en passe. L’expérience de la tortue est l’une des plus célèbres du roman. Des Esseintes acquiert une tortue pour pouvoir mettre en valeur la vivacité des teintes d’un tapis d’Orient. Par les mouvements et les teintes foncées de la tortue, il pense rehausser les couleurs du tapis. Néanmoins, des Esseintes est loin d’être satisfait du rendu de la tortue sur le tapis. Il estime que ce dernier n’est pas assez valorisé, et même qu’il est enlaidi, avec cette tortue « couleur tête-de-nègre », dont « le ton de Sienne crue de [la] carapace salissait les reflets du tapis sans les activer ». Pour parfaire l’alliance des tons et atteindre une jouissance visuelle inédite, il décide dans un premier temps de recouvrir la cuirasse de la tortue d’or. Malgré tout, cela ne lui convient toujours pas. Pour obtenir une parfaite alchimie, il décide alors de sertir la carapace de l’animal d’une multitude de joyaux, sélectionnés avec minutie : « Le choix des pierres l’arrêta ; le diamant est devenu singulièrement commun depuis que tous les commerçants en portent au petit doigt ; les émeraudes et les rubis de l’Orient sont moins avilis, lancent de rutilantes flammes, mais ils rappellent par trop ces yeux verts et rouges de certains omnibus qui arborent des fanaux de ces deux couleurs, le long des tempes ; quant aux topazes, brûlées ou crues, ce sont des pierres à bon marché, chères à la petite bourgeoisie qui veut serrer des écrins dans une armoire à glace ; […] Décidément aucune de ces pierreries ne contentait des Esseintes. » Cette expérience nous montre ô combien des Esseintes est obsédé par la perfection, et ô combien cette obsession et ce constant désir d’anormalité vont finir par le ronger… Il cherche les combines les plus improbables dans l’espoir de pouvoir aller au-delà de la perception d’un simple être humain. Mais ce désir est vain, car la réalité finit toujours par reprendre ses droits, qu’importe les extravagances de des Esseintes.

Par le biais de ces artifices, des Esseintes cultive ses névroses, qui lui permettent de conserver sa singularité et sa grandeur. Il s’est créé un monde si artificiel qu’il est proche de la surnature. Cependant, il n’est pas un surhomme, et quoi qu’il fasse, l’échec reste prédominant. Pour ma part, je trouve l’expérience de la tortue décisive dans l’histoire, car elle marque la fragilité du personnage, son caractère altérable, mais également le début d’une succession d’échecs qui vont le mener lentement à sa perte. Sa quête de sens et de sensations est un fiasco qui l’éclipse lentement vers sa destruction… Epuisé, il est victime d’un corps qui ne lui répond plus. À Rebours, c’est une peinture du corps qui se dégrade, c’est un paysage de chair en lambeaux, un désagrègement éparse d’une carapace qui s’est fissurée au fil des excès. Plus qu’une succession d’échecs expérimentaux, c’est un échec de vie qui nous est raconté dans ce roman. Des Esseintes est un éternel insatisfait, mais aussi un éternel raté. Il est toujours dans le « presque », jamais dans le « plein ». Il s’est enfermé dans un cercle vicieux qui n’est plus de son ressort, et qui lui a désagrégé irrévocablement le corps et l’esprit.

Ce roman nous offre une expérience littéraire unique, une expérience folle, comme nous n’en aurons jamais d’autre. En tout cas, c’est une lecture qui ne laisse pas de marbre, que notre avis soit positif ou négatif. L’écriture huysmansienne est nihiliste à souhait, et à l’image de des Esseintes, esthétisante et poussée à l’extrême. Au demeurant, ne peut-on pas voir dans ce roman une intrusion de Huysmans homme ? Lui qui a toujours vécu dans l’ombre de son maître Emile Zola, comme des Esseintes a vécu dans l’ombre des véritables artistes, ne s’est-il pas finalement projeté dans son personnage, au moins en partie ?

– Citations –

Bien souvent, des Esseintes avait médité sur cet inquiétant problème, écrire un roman concentré en quelques phrases qui contiendraient le suc cohobé des centaines de pages toujours employées à établir le milieu, à dessiner les caractères, à entasser à l’appui les observations et les menus faits. Alors les mots choisis seraient tellement impermutables qu’il suppléeraient à tous les autres ; l’adjectif posé d’une si ingénieuse et d’une si définitive façon qu’ils ne pourrait être légalement dépossédé de sa place, ouvrirait pendant des semaines entières, sur son sens, tout à la fois précis et multiple, constaterait le présent, reconstruirait le passé, devinerait l’avenir d’âmes des personnages, révélés par les lueurs de cette épithète unique.

*

En effet, lorsque l’époque où un homme de talent est obligé de vivre, est plate et bête, l’artiste est, à son insu même, hanté par la nostalgie d’un autre siècle.

*

[…] il ne vivait guère que la nuit, pensant qu’on était mieux chez soi, plus seul, et que l’esprit ne s’excitait et ne crépitait réellement qu’au contact voisin de l’ombre ; il trouvait aussi une jouissance particulière à se tenir dans une chambre largement éclairée, seule éveillée et debout, au milieu des maisons enténébrées et endormies, une sorte de jouissance où il entrait peut-être une pointe de vanité, une satisfaction toute singulière, que connaissent les travailleurs attardés alors que, soulevant les rideaux des fenêtres, ils s’aperçoivent autour d’eux que tout est éteint, que tout est muet, que tout est mort.

*

Après les fleurs factices singeant les véritables fleurs, il voulait des fleurs naturelles imitant des fleurs fausses.

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Journal d’un enfant de Lune

 

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Joris Chamblain et Anne-Lise Nalin

Journal d'un enfant de lune Joris ChamblainCoup de coeur– Résumé éditeur –

Morgane a seize ans. Elle vient d’emménager dans une nouvelle maison, avec ses parents et son petit frère. Tandis qu’elle déballe ses cartons, elle retrouve un journal intime caché derrière un radiateur. C’est celui de Maxime, un jeune homme de dix-sept ans, qui y raconte son étrange maladie qui l’empêche de vivre à la lumière du jour. C’est un enfant de la lune…

Prix : 15,95€ (éditions Kennes) –  Nombre de pages : 56

– Mon avis –

Après la saga Les Carnets de Cerise, que j’ai adorée, je découvre une autre bande-dessinée de Joris Chamblain, qui me tenait particulièrement à cœur de par ses thématiques fortes. En effet, sont abordés avec douceur et émotion le syndrome du Xeroderma Pigmentosum et la difficulté quotidienne à laquelle sont confrontées les personnes qui en sont atteintes. Cette maladie rare empêche l’exposition au soleil sous peine de développer des cancers cutanés.

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J’ai vraiment beaucoup aimé cette bande-dessinée, qui m’a aidée à mieux comprendre cette maladie, mais aussi à réaliser combien la vie se doit d’être pleinement savourée. Ici, nous suivons une jeune fille de seize ans nommée Morgane, qui emménage avec ses parents dans une nouvelle maison. Dans sa nouvelle chambre, elle trouve par hasard un journal, tenu par Maxime, un jeune homme de dix-sept ans, atteint de cette dure maladie. Emue par son récit, la jeune fille décide de se lancer à la recherche de Maxime… Je ne vous en dit pas plus pour que vous puissiez découvrir cette histoire bouleversante par vous-mêmes !

Encore une fois, Joris Chamblain a su me toucher : ses mots sont simples et justes ce qui a le don de les rendre particulièrement forts. Les personnages sont touchants, sincères, et on ne peut que les apprécier. Mention spéciale pour les sublimes illustrations d’Anne-Lise Nalin qui s’accordent parfaitement au récit et magnifient les moments narrés. Une très belle lecture et de très beaux récits de vie, qui nous sensibilisent à une maladie méconnue.

– Citations –

C’est fou ce qu’un regard peut faire mal, quand votre corps est différent.

*

Edith Piaf chantait « La vie en rose ». Elle n’a pas la moindre idée de ce que ça fait de réellement voir la vie en rose, à cause de ce foutu masque.

*

Ne pas pouvoir admirer le ciel bleu. Ne pas savoir la couleur des yeux de la jolie fille qui traverse la rue. Et déguiser le regard écœuré et distant des passants derrière cette couleur si « chaleureuse »…

*

Et moi j’étais devenu aux yeux de mon papa une œuvre d’art vivante que l’on protégerait de l’outrage du temps.

Journal d'un enfant de lune JC

 

 

Inséparables

 

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Sarah Crossan

inséparables


4coeurs
– Résumé éditeur –

Grace et Tippi. Tippi et Grace. Deux sœurs siamoises, deux ados inséparables, entrent au lycée pour la première fois…

Elle me dit : « On peut aller au lycée, et avoir un boulot, et conduire une voiture et nager et partir en rando. Tu sais que je te suivrai n’importe où, Gracie. Tout ce que tu veux, dis-le-moi, et on le fera. On peut tout faire, OK? »

Je lui réponds : « OK. » « Mais ce qu’on ne pourra jamais, jamais faire, c’est tomber amoureuses. C’est clair ? »

Prix : 14,90€ (éditions Rageot)  –  Nombre de pages : 377

– Mon avis –

Inséparables, c’est l’histoire de deux vies pour un seul corps, ou d’une seule vie pour deux corps… c’est la touchante histoire de sœurs siamoises, Grace et Tippi, qui entrent pour la première fois au lycée et se confrontent au regard des autres.

Bien plus qu’une histoire sur les jumeaux fusionnés, c’est une histoire de vie qui nous est contée. Entre les premières amitiés, les premiers émois, les premiers voyages, nous suivons le quotidien de deux jeunes filles qui ne demandent qu’à vivre pleinement et à être considérées dans leur singularité.

Au-delà de leur initiation aux autres, les thématiques abordées sont importantes et dramatiques. Les difficultés liées à la pathologie ne sont pas épargnées et nous ébranlent jusqu’aux dernières pages. L’alcoolisme, les difficultés financières et l’anorexie sont également traitées en arrière-plan mais toujours avec une once d’espoir. C’est un livre qui rayonne malgré sa dureté apparente. Si comme moi vous êtes intéressés par le sujet et que vous êtes à fleur de mots, il faut que vous lisiez Inséparables

Nous suivons l’histoire à travers les yeux de Grace. L’écriture peut surprendre au premier abord. Si vous connaissez Songe à la douceur de Clémentine Beauvais (mon avis *ici*), qui a d’ailleurs traduit ce roman, c’est écrit de la même manière, en vers. Pour Inséparables je ne trouve pas que cela a apporté grand-chose, contrairement au roman de Clémentine Beauvais. Mais j’avoue que pour certains passages, j’ai trouvé cela très beau, puisque certains mots étaient accentués et donnaient plus de profondeur au récit tenu par Grace.

Ce n’est pas un coup de cœur mais une très bonne lecture ! J’ai dévoré ce roman en moins de deux jours et les nombreuses sources usitées par l’autrice, expliquées en fin de roman, rendent l’histoire encore plus réelle après coup, et par conséquent plus impactante.

– Citations –

Je suis seule dans l’Orlando

de Virginia Woolf,

dans la chambre d’Orlando

qui se réveille femme

après toute une vie d’homme.

Et pourtant,

étrangement,

savoir que le regard de Jon a dévalé

ces pages,

digéré ces mots que moi-même

je dévore,

me donne l’impression que

c’est aussi un peu lui que je goûte.

*

Cauchemar

À la bibliothèque municipale près de Church Square Park

où Tippi et moi on va emprunter des DVD,

une fille munie d’un iPhone

pousse soupirs et gémissements.

« J’ai plus de réseau. J’arrive pas à me connecter au wifi.

Le cauchemar, quoi »,

dit-elle à son amie,

en agitant le téléphone autour d’elle

comme pour harponner une onde

baladeuse.

C’est marrant quand même ce qui inquiète les gens

alors que leurs vies, franchement,

se passent nickel.

un_parfum_de_livre. 👭《Inséparables》c'est l'histoire de deux vies pour un seul corps, ou d

Everything, Everything

Everything, EverythingNICOLA YOON

Nicola Yoon - Everything Everything4coeurs– Résumé éditeur –

Ma maladie est aussi rare que célèbre, on l’appelle « maladie de l’enfant-bulle ». En gros, je suis allergique au monde. Je viens d’avoir dix-huit ans, et je n’ai jamais mis un pied dehors. Un jour, un camion de déménagement arrive. Je regarde par la fenêtre et je le vois. Le fils des nouveaux voisins est grand, mince et habillé tout en noir. Il remarque que je l’observe, et nos yeux se croisent pour la première fois. Dans la vie, on ne peut pas tout prévoir, mais on peut prévoir certaines choses. Par exemple, je vais certainement tomber amoureuse de lui. Et ce sera certainement un désastre.

Prix : 16,90€ (éditions Bayard Jeunesse)  –  Nombre de pages : 370

– Mon avis –

Ça y est, j’ai enfin lu Everything, Everything de Nicola Yoon ! Depuis le temps qu’il me faisait de l’œil et que j’en entendais parler, je me suis enfin décidée à lire ce roman, qui s’annonçait à la fois drôle et bouleversant.

Madeline Whittier est une jeune femme qui vient d’atteindre la majorité. Mais elle ne vit pas du tout comme toutes les autres jeunes filles de son âge. Elle ne va pas à l’école mais bénéficie de cours à domicile avec des professeurs qu’elle ne peut voir que par webcam. Elle n’a jamais eu de petit copain, pas plus qu’elle n’a eu d’ami(e)s. Elle n’a jamais voyagé, ne connaît pas le goût salé de la mer ni même la beauté des paysages que le monde nous offre. En réalité, Madeline n’a jamais mis un pied en dehors de chez elle. Et pour cause, elle est en fait atteinte de la maladie de l’enfant bulle, une maladie rare qui l’empêche d’entrer en contact avec le monde extérieur, sous peine de tomber gravement malade. La vie de Madeline se résume à rester cloîtrée chez elle, accompagnée de sa mère qui prend soin d’elle du mieux qu’elle peut, et aussi de son infirmière Carla, sa précieuse confidente, qui vient vérifier quotidiennement son état de santé. Ses journées se résument à jouer aux jeux de société avec sa mère, faire ses devoirs et lire des livres qui lui apportent l’évasion qu’elle ne peut avoir en vrai. Madeline se contentait très bien de sa petite vie bien rangée, de ce mode de vie très clos auquel elle s’était finalement habituée. Jusqu’au jour où elle tomba amoureuse du jeune et beau voisin Oliver… Comment continuer à vivre ainsi lorsqu’on est en proie au coup de foudre ?

C’est un roman que j’ai beaucoup aimé de par son approche de la maladie de l’enfant-bulle : l’auteure nous apprend beaucoup de choses sur la maladie et nous livre tout ce que peut ressentir une personne atteinte d’un DICS, sans pour autant tomber dans le pathos. On n’est pas du tout dans un état d’esprit d’apitoiement constant comme on pourrait trouver dans d’autres romans traitant de maladie. Toutefois, on ne peut qu’être très touchés par ce que vit Maddie au quotidien, ou devrais-je plutôt dire par tout ce qu’elle ne peut pas vivre. C’est quand même fou de se dire qu’il existe des personnes qui ne peuvent pas mettre un pied dehors sans risquer leur vie, et que par conséquent ils ne pourront jamais voir le monde extérieur et avoir de vie sociale… Ce roman m’a permis de prendre conscience de la chance qu’on a de pouvoir faire tout ce qu’on veut, et m’a rappelé par ailleurs qu’il faut pleinement en profiter. En tout cas, je trouve que ce livre est une véritable ode à la vie et à l’espoir ! Il va vous donner envie de voyager, de rire, de vous allonger dans l’herbe fraîche sous un soleil d’été, de boire des cocktails pétillants et colorés, d’aller vous baigner dans l’eau fraîche de la mer et de sentir le sable vous glisser sous les pieds. En bref, de savourer chaque instant !

En ce qui concerne la romance, je l’ai beaucoup aimée aussi. Olly, tout comme Maddy, est un personnage attachant, qui a également son propre lot de problèmes, qui pour ma part auraient d’ailleurs mérité d’être plus exploités. Leur histoire est vraiment très belle, bien qu’un peu trop furtive à mon goût. J’aime quand les romances sont développées mais dans ce roman, je l’ai trouvée un petit peu trop facile. Néanmoins, ces deux personnages m’ont mis des étoiles plein les yeux et m’ont donné envie de croire à leur histoire. J’ai vraiment beaucoup aimé leur personnalité, leurs moments d’échanges, leur insouciance face à la vie et leur envie de la croquer à pleines dents malgré tous les soucis qui les envahissaient !

Je n’ai malheureusement pas eu de coup de cœur pour Everything, Everything, et j’en suis d’ailleurs assez déçue… J’ai vu tellement d’avis extrêmement positifs sur ce roman que je m’attendais à beaucoup plus en le lisant. Même si ce fut une lecture très plaisante, je n’ai pas eu l’émotion escomptée. Je suis restée spectatrice tout le long, et pourtant je suis quelqu’un de très sensible. Déjà, j’ai trouvé que l’histoire mettait beaucoup de temps à démarrer. Pour tout vous dire, c’est seulement à partir de la moitié du roman que j’ai réussi à savourer pleinement ma lecture. En ce qui concerne la fin du roman, elle a surpris la plupart des lectures. Mais le problème étant que je l’avais déjà devinée depuis longtemps. Il y a eu beaucoup trop d’éléments qui m’ont fait penser que ça allait se finir ainsi, et je trouve d’ailleurs que c’est dommage d’avoir eu autant d’indices de la part de l’auteure. En fait, j’espérais vraiment me tromper tant ça me semblait simple, mais quand j’ai vu que j’avais raison, mon engouement est retombé comme un soufflé.

En dehors de ce point négatif, c’est une merveilleuse histoire de vie que je vous recommande sans aucune hésitation ! De plus les références littéraires et les citations de ce roman sont extraordinaires, et rien que pour cela et pour l’originalité de la thématique abordée, je vous le conseille fortement ! La littérature est mise à l’honneur dans Everything, Everything puisqu’on retrouve des chefs-d’œuvre tels que Le Petit Prince d’Antoine de St-Exupéry, La nausée de Jean-Paul Sartre, Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, Sa majesté les mouches de William Golding ou encore L’Etranger d’Albert Camus. Avec ce roman, on voit à quel point la littérature a quelque-chose de magique et d’unique : les livres nous marquent et continuent d’exercer leur influence sur nous tout au long de notre vie.

Je tenais à signaler les fautes de frappe et d’orthographe vraiment désastreuses dans la version française de chez Bayard Jeunesse. Cela m’a beaucoup dérangée. Je comprends qu’on ne puisse pas tout voir lors des relectures, mais il y en avait tellement que je me suis demandée si ce roman avait été relu avant d’être publié.

– Citations –

Il ne suffit pas d’être vivant pour vivre.

*

Une photo, c’est un peu comme une machine à remonter le temps. Soudain, ma chambre s’efface et je suis sur cette plage, entourée d’amour et d’air salé, environnée par la chaleur qui diminue, et les ombres qui s’allongent dans le crépuscule. J’emplis mes minuscules poumons d’autant d’air qu’ils peuvent en contenir, et je retiens mon souffle. Je le retiens depuis tout ce temps.

*

Et maintenant ma vie n’a plus aucun sens. Je voudrais presque ne jamais l’avoir rencontré. Comment pourrais-je retourner à mon existence d’avant ? Cette existence dans laquelle tous les jours s’étirent devant moi avec une similitude brutale et infinie ? Comment pourrais-je redevenir cette « fille-qui-lit » ? Non pas que je regrette l’ancienne vie que je passais plongée dans mes livres. Tout ce que je sais du monde, je l’ai appris grâce à eux. Mais la description d’un arbre ne sera jamais un arbre, et un millier de baisers de papier n’égaleront jamais la sensation des lèvres d’Olly posées sur les miennes.

*

– Au fond de moi, je sais que j’ai déjà été amoureux, mais ça n’avait rien à voir. Être amoureux de toi, c’est encore mieux que de l’être pour la première fois. C’est comme si c’était la première, la dernière et l’unique fois en même temps.

*

LE DICTIONNAIRE DE MADELINE

Promesse : N.F. Sens 1 : Mensonge auquel on tient. (Whittier, 2015).

Everything Everything

Ernest & Rebecca – Mon copain est un microbe (Tome 1)

Ernest & Rebecca (T.1) Mon copain est un microbe

Guillaume Bianco & Antonello Dalena

Ernest et Rebecca 1

Coup de coeur

– Résumé éditeur –

Je m’appelle Rebecca. J’ai six ans bientôt et demi et je suis souvent malade. En plus, mon papa et ma maman veulent se séparer et ça me rend triste. Heureusement Ernest est là pour me remonter le moral. Ernest, c’est un super microbe et un super copain ! Je l’ai attrapé un jour de pluie. Ensemble, on rigole bien…

Prix : 10,60€ (édition Le Lombard)  –  Nombre de pages : 48

– Mon avis –

Cette bande-dessinée est pour moi un véritable coup de cœur. Nous suivons Rebecca, une petite fille de six ans qui n’a pas forcément la vie facile. Elle tombe sans cesse malade et ses parents sont sur le point de divorcer. Mais malgré tout c’est une petite fille pleine de joie, d’espoir et d’énergie. Un jour pluvieux, alors qu’elle s’est éclipsée de chez elle pour aller chasser les grenouilles, elle va faire la rencontre d’un microbe drôle et très sûr de lui, nommé Ernest.

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De leur rencontre saugrenue va naître une amitié très forte et hors du commun. Alors que ses parents ne s’entendent plus et qu’il règne une ambiance pesante au sein de la maison, Rebecca va trouver en Ernest plus qu’un compagnon : il va très vite devenir pour elle un ami très cher, une sorte de confident. J’ai adoré voir leur amitié se développer au fil des pages et la consolation qu’Ernest a pu apporter à Rebecca au quotidien. Ils s’entendent tellement bien ensemble qu’elle va tout faire pour conserver son microbe coûte que coûte… au point d’en faire voir de toutes les couleurs à son médecin le Dr Fakbert. Le pauvre quand même mais c’est tellement drôle ! 

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Les maladies sont traitées avec beaucoup d’humour ce qui peut permettre aux plus jeunes lecteurs de les prendre avec plus de légèreté et donc d’être moins angoissé à l’idée d’avoir une grippe ou tout autre virus. J’ai trouvé le passage de la  jalousie d’Ernest très drôle : d’autres microbes sont venus rendre visite à Rebecca et Ernest a eu peur qu’ils prennent sa place au point de faire une crise. « C’est pas croyable ! Je m’absente cinq minutes et tous les parasites du coin viennent frapper à ta fenêtre !!! » Ça m’a beaucoup amusée comme de nombreux autres passages que je vous laisse découvrir par vous-mêmes.

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C’est une bande dessinée qui m’a fait beaucoup rire tout comme à la fois m’a beaucoup émue, que ce soit par les bêtises causées par notre duo de choc ou encore le thème difficile de la séparation qui à elle-même constitue un virus destructeur de famille. D’ailleurs j’ai beaucoup aimé la façon dont Rebecca, avec l’aide d’Ernest, va user de diverses techniques pour que ses parents se réconcilient. Sous sa carapace humoristique et pleine de tendresse, Ernest & Rebecca traite donc des sujets difficiles comme la manière dont l’enfant voit la séparation de ses parents, le vide que cela peut lui laisser dans le cœur mais qui n’est pas forcément vu par les parents qui délaissent souvent le ressenti de l’enfant, puisqu’ils passent leur temps à se disputer. Mais tout cela est traité avec ingéniosité et à l’aide de nombreux passages comiques et attendrissants, ce qui nous fait au final passer un moment très divertissant. Je recommande vivement cette bande-dessinée !

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– Citations –

Papa est parti passer la nuit chez son frère qui est aussi mon tonton… J’étais triste et je me sentais toute bizarre… Ce soir-là, mon arrière-goût de mayonnaise dans la bouche manquait cruellement de ketchup…

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Un papa et une maman, c’est comme le ketchup et la mayonnaise… C’est meilleur les deux ensemble…

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Alors si tu es un papa responsable, va faire des bisous à maman et remets-toi avec elle… Signé « Rebecca la gangster ».

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